Récapitulatif
Les actions précoces sont au cœur du financement basé sur les prévisions mais aussi de chaque protocoles d’action précoce. L’action précoce idéale est celle qui a le plus de probabilité d’aider la population à risque à réduire les impacts négatifs d’un événement extrême.
La conception d’un PAP solide s’articule donc autour du processus consistant à identifier les impacts, à prioriser ceux qui peuvent et doivent être pris en charge par le FBP et à sélectionner les actions précoces susceptibles de prévenir ou d’atténuer ces impacts prioritaires.
Les actions précoces jouent un double rôle : elles comblent des lacunes critiques dans les plans de contingence et leur financement tout en s’appuyant sur les plans de préparation déjà en place. Une identification, une priorisation et une sélection attentives des AP garantit que les actions 1) contribuent à prévenir ou à réduire les risques prioritaires et à préparer une intervention efficace, 2) sont adaptées au contexte local et implémentables dans le délai qui précède l’événement extrême compte tenu des capacités et ressources disponibles et 3) sont conformes aux priorités des communautés et des acteur·rice·s locaux·ales mais aussi aux plans de préparation pertinents.
Ce chapitre présente un processus récursif pour identifier et sélectionner des actions basées sur les prévisions qui seront déclenchées et financées automatiquement en fonction d’informations prévisionnelles.
Les différentes étapes ci-après répondent à quatre questions clés :
- Quels sont les principaux impacts de l’aléa sélectionné ?
- Quels impacts dommageables le FBP peut-il réduire ?
- Quelles actions précoces réduiront au mieux ces impacts ?
- Parmi ces actions précoces, lesquelles sont réalisables actuellement compte tenu du contexte et des capacités ?
Même si les questions et étapes ci-dessous sont présentées successivement, dans la pratique, vous pouvez économiser du temps et des ressources en rassemblant les informations correspondantes de manière simultanée ou itérative (voir Figure 1). Ce chapitre présente différentes méthodes qui peuvent vous aider à mieux connaître les impacts mais aussi le vécu et le ressenti des parties prenantes concernant la gravité de ces impacts en vue de choisir des actions précoces potentielles. Selon l’étape à laquelle se trouve votre PAP, vous pouvez utiliser chacune de ces méthodes pour approfondir ces étapes ou au contraire en aborder plusieurs à la fois.
Ces étapes, méthodes et critères ont été conçus avant tout pour faciliter la sélection des actions précoces pour le PAP qui sera soumis au Mécanisme du DREF pour l’ABP et correspondent donc aux exigences de ce mécanisme. Mais une SN qui souhaite préparer des PAP plus localisés avec des financements propres peut évidemment s’inspirer de ces conseils. Le cas échéant, elle peut adapter ou pondérer différemment les étapes et méthodes ci-après, elle risque aussi de se sentir relativement peu concernée par certains critères.
Qui sont les personnes impliquées ?
La sélection des AP doit être confiée à un groupe de personnes issues de secteurs différents qui possèdent une expérience dans plusieurs disciplines et une expertise variée. Dans certains projets de FBP, des groupes de travail interinstitutionnels (RCRC, autorités gouvernementales et autres organisations humanitaires) ont été mis sur pied pour concevoir conjointement le PAP et donc sélectionner les actions précoces, tandis que dans d’autres, ces missions sont confiées à l’équipe FBP de la Croix-Rouge.
Quelle que soit la composition de l’équipe, les étapes ci-dessous exigent l’engagement d’acteur·rice·s à tous les niveaux : habitant·e·s, comités communautaires, organisations de la société civile, gouvernements et agences locaux·ales et nationaux·ales, Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, autres organisations humanitaires et de développement, instituts de recherche (dont la communauté des sciences du climat) et le secteur privé, ou autres acteur·rice·s concerné·e·s selon les cas. Nous encourageons les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et d’autres organisations actives dans l’humanitaire et le développement impliquées dans le financement basé sur les prévisions à utiliser ces étapes de manière itérative, flexible, en vue d’identifier les impacts et les actions à intégrer dans leur PAP.
Bien que les systèmes de FBP soient destinés à couvrir de vastes zones géographiques, il faut effectuer une recherche pour la sélection des actions au niveau local afin de s’assurer que le PAP puisse être activé dans les régions qui courent le risque le plus élevé d’être touchées des aléas. Le FBP, du moins dans le contexte d’un PAP financé par Mécanisme du DREF pour l’ABP, ne sélectionne pas de communautés à l’avance, mais choisit plutôt celles qui bénéficieront d’une assistance au moment de l’activation, il faut donc mener des consultations dans un échantillon de communautés pour connaître les impacts passés, les besoins et les facteurs de risque. Malgré ce niveau national, une approche flexible est indispensable pour obtenir des données au niveau des communautés, car elles peuvent livrer des indices sur le type des impacts, les facteurs de risque et l’assistance requise qui peuvent également s’appliquer à d’autres communautés dans le reste de la zone exposée. Les méthodes par étape ci-après qui sont utilisées dans la sélection d’une action précoce peuvent être mises en pratique dans des contextes aussi bien urbains que ruraux et à différentes échelles.
Étape 1 : identifier les impacts et les risques
Dans le cadre du FBP, les actions précoces doivent prévenir ou réduire l’impact humanitaire d’événements climatiques extrêmes, connaître l’impact de l’aléa concerné, la façon dont il frappe et les victimes revêt donc une importance cruciale.
Les approches quantitatives peuvent répondre à une série de questions, notamment concernant le nombre de personnes impactées, l’intensité des dégâts ou le type des dégâts passés et les personnes qui les ont subis. Les questions qualitatives permettent de connaître les raisons pour lesquelles les personnes sont impactées ainsi que la nature de ces impacts, mais aussi d’identifier les impacts que les ménages ont le plus de difficultés à surmonter. Vous trouverez ci-dessous une gamme d’outils et de méthodes pour vous aider à identifier les impacts de l’aléa que votre PAP doit gérer en priorité.
Méthode A : passage en revue des données historiques (et actuelles)
Lorsqu’elles sont disponibles, les données historiques et actuelles du gouvernement et des ministères nationaux constituent une précieuse source d’information sur les impacts d’événements passés mais aussi l’exposition et la vulnérabilité actuelles des populations à risque.
Les ministères suivants peuvent disposer d’informations pertinentes sur les impacts de catastrophe et les facteurs de risque, qu’ils soient généraux ou spécifiques à un secteur :
- Agence nationale pour la gestion des catastrophes (agence chargée de la gestion des risques de catastrophe)
- Ministère de la Santé
- Ministère des Transports
- Ministère du Climat/de l’Énergie
- Ministère de l’Éducation
- Ministère de l’Agriculture
- Ministère compétent pour les infrastructures/l’affectation des sols et/ou le logement
- Ministère compétent pour l’eau et l’assainissement
- Agence responsable des statistiques nationales
- Département de l’aide sociale
- Instituts de recherche nationaux
Outre les organismes gouvernementaux susmentionnés, les bases de données internationales ci-après proposent des données sur les impacts spécifiques à un pays :
Pour des données sur les facteurs de risque, n’hésitez pas à consulter ces sources de gestion des informations :
Méthode B : analyse de la littérature
Une analyse de la littérature vous permet de rassembler des informations pertinentes dans des publications (rapports, études, politiques et autres documents) pour identifier les impacts et les actions précoces potentielles. Une analyse systématique de la littérature internationale relative aux interventions après une catastrophe et à la réduction des risques permet en outre d’identifier des actions pertinentes qui ont été testées dans d’autres contextes humanitaires et de collecter des éléments probants concernant les moments où ces interventions ont été implémentées et les raisons de leur mise en œuvre mais aussi leur efficacité dans la prévention ou la prise en charge des impacts de catastrophe qui correspondent à votre contexte. Lorsque vous parcourez des plans de contingence, documents de politique, études, rapports, etc., sur des catastrophes passées, intéressez-vous aux points suivants :
- Comment ces personnes se sont-elles préparées à cet aléa et y ont-elles réagi par le passé ?
- L’une de ces réactions pourrait-elle être implémentée avant l’événement de manière à réduire ses impacts ultérieurs ?
- Ces actions de préparation pourraient-elles être renforcées ou améliorées par le FBP ?
- Quels sont les éléments probants qui indiquent que cette action donnera des résultats ?
Si vous analysez la littérature sur des exemples de FBP :
- Les actions précoces et enseignements tirés identifiés lors de cette analyse de la littérature sont-ils transférables au contexte du PAP qui est en cours de développement ?
Méthode C : entretiens semi-structurés avec des interlocuteur·rice·s clés
Des entretiens avec des interlocuteur·rice·s clés sont des conversations qui suivent un fil rouge ou une liste de questions à poser mais qui permettent un déroulement relativement naturel de la conversation. Ils se distinguent des entretiens structurés ou des enquêtes (dans lesquel·le·s des questions sont posées de manière spécifique et les réponses sont souvent prédéfinies) dans le sens où ils sont ouverts.
Ces entretiens avec des interlocuteur·rice·s clés au sein du gouvernement ou parmi les fonctionnaires responsables de la gestion des catastrophes, les chef·de·s des communautés, le personnel et les volontaires des agences compétentes pour les interventions et de la RC et la société civile peuvent vous aider à obtenir des informations sur les impacts prioritaires, en particulier dans les contextes pour lesquels la littérature ou les données sur les impacts passés sont maigres. Une fois que les impacts et facteurs de risque clés ont été identifiés, les entretiens semi-structurés avec des expert·e·s sectoriel·le·s se révèlent précieux pour examiner plus en détail les actions précoces potentielles.
Première série de conseils pratiques : combien d’entretiens faut-il prévoir ?
En fonction du temps et des ressources disponibles, il est préférable de poursuivre ces entretiens jusqu’à ce qu’ils ne fournissent plus de nouvelles informations et que les réponses supplémentaires puissent être déduites des données et connaissances accumulées (c’est ce qu’on appelle la saturation). Dans certains cas, vous devrez peut-être parcourir toute votre liste d’informateur·rice·s pertinent·e·s.
Dans le contexte du Mozambique, il n’a pas été possible d’atteindre la saturation dans chaque secteur impacté par les inondations et les cyclones. En raison de contraintes temporelles, l’équipe FBP s’est plutôt concentrée sur des interlocuteur·rice·s qui venaient des secteurs qui correspondaient le mieux aux capacités et priorités de la Croix-Rouge du Mozambique. Des exemples de guides destinés aux entretiens semi-structurés avec des parties prenantes du gouvernement, des chef·de·s ou des membres des communautés (le cas échéant) et des expert·e·s sectoriel·le·s peuvent être consultés ici.
Comment transposer ces éléments dans un contexte urbain ?
La Croix-Rouge du Vietnam (CRVN), la CRA, la FICR et le Centre du Changement climatique ont mis sur pied un projet de FBP axé sur les vagues de chaleur au Vietnam en 2018. Cette initiative constitue la première transposition du FBP dans un contexte urbain. Mais dans une ville extrêmement peuplée qui compte 16 millions d’habitant·e·s, comment repérer les personnes les plus vulnérables et comprendre les conséquences d’une chaleur extrême pour elles ? La CRVN a lancé l’enquête Knowledge, Attitudes and Practices (KAP), qui a sélectionné au hasard plus de 1200 répondant·e·s dans des quartiers spécifiques de Hanoï. Les résultats de l’étude KAP, basés sur le vécu des habitant·e·s concernant les impacts d’une vague de chaleur, ont fourni des informations pour la sélection des actions précoces.
Méthode D : groupes de discussion
Un groupe de discussion permet des échanges guidés et s’organise de préférence avec un groupe de personnes relativement homogène. Vous pouvez préparer des groupes de discussion à plusieurs niveaux, notamment avec des parties prenantes à l’échelon national, des fonctionnaires au niveau de la province ou du district, des chef·fe·s des communautés ou des groupes de praticien·ne·s.
Deuxième série de conseils pratiques : entretiens ou groupes de discussion ?
Alors que des entretiens peuvent vous aider à trianguler les informations obtenues auprès de sources différentes, vous n’avez pas toujours la possibilité d’interviewer chaque personne individuellement par manque de ressources ou de disponibilité. Le cas échéant, des entretiens en petit groupe, ou groupes de discussion, peuvent fournir un éventail relativement large d’opinions dans un délai très court. Il faut cependant sélectionner soigneusement les participant·e·s, faites aussi attention aux dynamiques de pouvoir, au sexe et à l’âge afin que chacun·e se sente libre de participer de manière franche et ouverte.
Les approches cherchent à connaître les impacts de catastrophe les plus courants ou les plus probables, les personnes et les biens qui courent le risque le plus élevé ainsi que les capacités de réaction et les interventions qui existent déjà et les actions précoces potentielles. Dans tous les cas, interrogez les participant·e·s sur les types d’actions qui peuvent être entreprises avant un événement en vue de réduire les dégâts mais aussi sur les types de ressources ou d’assistance nécessaires pour mener à bien ces actions.
Méthode E : visites dans les communautés (après une catastrophe)
Marcher dans une communauté avec des chef·fe·s ou des représentant·e·s peut être un moyen efficace de contextualiser et d’approfondir les connaissances récoltées lors des entretiens et groupes de discussion. Des marches transversales structurées (voir EVC) ou des visites informelles au sein d’une communauté offrent aux membres de l’équipe l’occasion de constater de visu les conditions locales, d’écouter les histoires que les personnes ont à raconter et de poser des questions qui n’auraient peut-être pas été abordées dans un contexte plus officiel. Bien que des visites organisées peu de temps après un événement extrême permettent une observation directe des impacts, des déplacements à pied au sein des communautés exposées aux catastrophes peuvent fournir des indications précieuses à tout moment.
Veillez à toujours respecter l’horaire de vos groupes de discussion ou visites et consultez les chef·fe·s ou les représentant·e·s locaux·les au préalable. Lors d’une visite à Nampula, au Mozambique, peu après une dépression tropicale, des fonctionnaires locaux·ales ont demandé de marcher dans le village avec des chef·fe·s locaux·les au lieu d’organiser un groupe de discussion (comme prévu) afin de ne pas susciter trop d’espoirs d’aide.
Méthode F : séances de travail avec les parties prenantes
Des séances de travail avec les parties prenantes se révèlent utiles pour recueillir des opinions et des idées tout en renforçant le concept du FBP et l’engagement de ces parties prenantes dans le processus du PAP. Les opinions et idées recueillies peuvent ensuite servir pour identifier les impacts prioritaires qui peuvent être pris en charge par le système de FBP, prioriser les actions précoces, réviser les théories du changement (voir Directives S&E) et discuter des moyens d’opérationnaliser les actions précoces. Les troisième et quatrième séries de conseils pratiques ainsi que les liens ci-dessous donnent quelques exemples de formats pour les séances de travail afin d’identifier et de prioriser les actions précoces potentielles et de procéder à leur examen critique.
Troisième série de conseils pratiques : programme de la séance de travail de 1 jour au niveau provincial sur la base des activités au Mozambique
- Présentation : vue d’ensemble du concept de FBP
- Présentation : état d’avancement de l’élaboration du protocole de FBP
Pause
- Passage en revue des résultats des recherches et des impacts d’inondation
- Activité individuelle : questionnaire permettant aux parties prenantes de classer les impacts prioritaires
Lunch
- Activité de groupe 1 : classement des impacts clés en petits groupes (nous avons réparti les participant·e·s en fonction de leur district d’origine)
- Présentation du classement au groupe
- Activité de groupe 2 : petit brainstorming en groupe et priorisation des actions qui pourraient être mises en œuvre pour gérer les impacts prioritaires (jeu « Ready » du Centre du Changement climatique de la CR)
- Présentation des actions au groupe
Quatrième série de conseils pratiques : programme de la séance de travail de 2 jours au niveau national sur la base des activités au Mozambique
Jour 1
- Enregistrement et inauguration officielle
Pause
- Présentation du protocole
- Questions et réponses
- Activité individuelle : questionnaire permettant aux parties prenantes de classer les impacts prioritaires (voir Annexe F)
Lunch
- Présentation des résultats des recherches : impacts primaires et éléments probants en faveur des actions précoces potentielles
- Discussion de groupe : quelles actions précoces manquent ?
- Activité individuelle : affichez toutes les actions précoces potentielles (dont celles ajoutées par de petits groupes) au mur et demandez à chacun·e de voter (avec des autocollants) en faveur des 3 actions précoces prioritaires en apposant leur autocollant sur l’affiche correspondante.
Jour 2
- Présentation des résultats du jour 1
- Résultats du questionnaire individuel : quels impacts ont été priorisés ?
- Résultats de la priorisation d’une action précoce : quelles actions précoces les parties prenantes ont-elles priorisées ? En fonction de ce qui précède, quelles actions le groupe recommande-t-il ?
Pause
- Travail de groupe : révision et amélioration de la théorie du changement :
- Séances de 1 h 30, autant que nécessaire (avec un lunch en cas de besoin) pour travailler sur les théories du changement clés en petits groupes.
- Au Mozambique, nous avons réparti les participant·e·s en fonction de leur expertise : les expert·e·s EAH se sont penché·e·s sur les théories du changement EAH, les expert·e·s en questions de logement travaillaient sur ce thème, etc.
- Les gestionnaires de catastrophes étaient répartis de manière uniforme entre les groupes.
Étape 2 : prioriser les impacts
Lorsque vous disposez d’une liste complète des impacts, vous devez sélectionner celui sur lequel vous allez vous concentrer. La méthode choisie pour prioriser les impacts dépend de votre contexte et de vos besoins. Nous insistons sur le fait que le FBP est un système qui peut contribuer à prévenir ou à réduire certains risques de catastrophe (qui n’ont pas été atténués ou gérés par des efforts de réduction des risques de catastrophe à long terme), il n’est cependant pas en mesure de prendre en charge tous les impacts de catastrophe. Il est donc indispensable de prioriser les impacts probables d’une catastrophe pour concevoir des protocoles d’action précoce réalistes et efficaces.
Vous pouvez par exemple prioriser un impact en fonction des souffrances endurées par les populations vulnérables, d’un impact économique global, des priorités des parties prenantes (priorités du gestionnaire de catastrophes, de la SN, de la communauté, etc.), des capacités et de l’expertise organisationnelles, etc., après avoir éventuellement pris en compte les critères de sélection pour les actions précoces présentés à l’Étape 4. Chacune de ces méthodes implique des opportunités, des compromis et des difficultés (voir Conseils pratiques 7 et 8), les mélanger semble constituer l’option la plus appropriée. Les méthodes expliquées dans les lignes qui précèdent (résumées dans la liste ci-dessous) peuvent aider votre équipe à prioriser un impact de catastrophe :
- Méthode A : passage en revue des données historiques (et actuelles)
- Méthode B : analyse de la littérature
- Méthode C : entretiens semi-structurés avec des interlocuteur·rice·s clés
- Méthode D : groupes de discussion
- Méthode E : visites dans les communautés (après une catastrophe)
- Méthode F : séances de travail avec les parties prenantes
Méthode G : enquêtes (Knowledge, Attitudes and Practices, etc.)
Contrairement aux entretiens et aux groupes de discussion qui livrent des informations qualitatives, des enquêtes peuvent permettre à votre équipe d’obtenir des données quantifiables et d’entrer en contact avec un grand nombre de répondant·e·s. Elles peuvent se révéler utiles pour demander à des personnes de prioriser des impacts et des actions précoces pour votre PAP. Cette enquête a été menée au Mozambique dans le but de prioriser les impacts des inondations et des cyclones.
Cinquième série de conseils pratiques : données primaires qualitatives (entretiens ou groupes de discussion) et données primaires quantitatives (enquêtes)
Les données primaires sont des données que vous collectez pour vous-mêmes plutôt que d’aller les chercher dans des sources ou bases de données existantes. Pour choisir une méthode ou des outils de collecte de données, réfléchissez au type d’informations dont vous avez besoin, aux raisons pour lesquelles vous en avez besoin et à la meilleure source pour les obtenir. S’il peut être tentant de quantifier les impacts des catastrophes passées au moyen d’une enquête, demander à des personnes de se rappeler les conséquences d’événements passés ne fournira probablement pas d’informations quantitatives, sauf si vous le faites directement après un événement.
Sans compter que vous devrez probablement consacrer énormément de temps et de ressources à la collecte de données parmi un échantillon représentatif de personnes, en fonction bien sûr de l’échelle de l’intervention envisagée. Dans de tels cas, des données qualitatives sur les impacts passés donneront probablement des informations plus détaillées sur les problèmes que les catastrophes posent aux communautés et les raisons de ces problèmes. Les personnes interrogées se rappelleront probablement mieux ce qu’elles ont fait et la façon dont elles ont vécu l’événement que le nombre d’hectares de culture qu’elles ont perdu. Vous trouverez peut-être dans les statistiques gouvernementales (source secondaire) des données quantitatives qui viendront étayer ces témoignages qualitatifs.
En fonction du public et de l’échantillonnage requis, les enquêtes peuvent par contre servir pour un classement ou pour obtenir les réponses d’un échantillon de taille relativement grande. Au Vietnam, l’équipe a par exemple eu recours à une enquête Knowledge, Attitudes, and Practices pour savoir comment les populations vulnérables vivaient les vagues de chaleur. Cette équipe travaillait sur un périmètre restreint (quelques quartiers de Hanoï), elle a donc pu collecter une grande quantité de données pertinentes en un court laps de temps.
Une réflexion sur le degré de détail dont vous avez besoin (dont des informations sur la causalité), sur les personnes auprès desquelles les obtenir (échelle) et sur le degré de fiabilité de ces informations (les personnes interrogées peuvent-elles se rappeler les événements sur lesquels vous posez des questions ?) peut vous aider à identifier les méthodes qui conviennent le mieux dans votre contexte.
Les ensembles de données de gouvernements et institutions sur les pertes et dégâts qu’entraîne une catastrophe sont susceptibles d’amélioration, tout le monde le sait. Des efforts de plaidoyer et une assistance technique aux agences gouvernementales et autres institutions chargées de compiler les informations sur les impacts de catastrophe s’imposent pour optimiser notre capacité à identifier
des actions précoces efficaces et à concevoir de meilleurs déclencheurs (voir le chapitre Déclencheur pour d’autres détails).
Sixième série de conseils pratiques : difficultés dans la priorisation des impacts – vérification et pondération des perceptions des parties prenantes
Les informateur·rice·s clés possèdent une connaissance précieuse de leurs contextes, mais ces personnes peuvent aussi avoir des croyances basées sur des informations erronées ou faire des suppositions sur les relations de cause à effet et la gravité des impacts qui ne sont pas validées par des données systématiques. L’absence de données n’implique pas nécessairement que ces observations sont fausses, mais il est préférable de considérer ces suppositions d’un œil critique et de les comparer à des données secondaires lorsque c’est possible.
Un grand nombre d’organisations humanitaires et de gestionnaires de catastrophes vont par exemple faire passer la réduction des pertes en vies humaines avant d’autres impacts. Mais il se peut que l’événement concerné provoque en moyenne très peu de décès. Des alertes précoces peuvent suffire à réduire la mortalité, mais les décès restants sont parfois difficiles à prévoir et à prévenir. Dans ce cas, la décision d’utiliser les fonds d’une action précoce pour empêcher des pertes humaines immédiates peut être judicieuse, mais elle doit à tout le moins s’appuyer sur une évaluation critique des taux de mortalité et la probabilité de faire une différence plutôt que sur le seul souhait émotionnel ou politique d’éviter des décès. Des données relatives aux personnes qui décèdent et aux causes de mortalité permettent de vérifier s’il est possible de cibler efficacement cet impact au moyen d’une action précoce.
Dans un autre exemple, les parties prenantes peuvent penser qu’une inondation provoque une augmentation des cas de maladies (comme le choléra), ce qui entraîne d’autres privations, notamment des pertes de revenus ou une déscolarisation
Les statistiques nationales en matière de santé peuvent néanmoins indiquer que les ensembles de cas et les taux de mortalité ne varient pas ou ont un lien plus étroit avec d’autres facteurs. Il se peut bien sûr que ces données soient incomplètes ; il n’en reste pas moins qu’elles doivent être soumises aux parties prenantes et être prises en compte au même titre que leurs perceptions pour choisir les impacts qui seront pris en charge et les actions précoces qui seront mises en œuvre.
Si les priorités des parties prenantes sont en contradiction avec les éléments probants, il faut peut-être essayer d’influence ces priorités. Mais si les données contradictoires manquent, qu’elles paraissent peu fiables ou ne sont pas immédiatement disponibles, il faudra probablement se reposer plus fortement sur les données qualitatives et les perceptions des parties prenantes.
Étape 3 : identifier les actions précoces potentielles et organiser un remue-méninges à leur sujet
Dès que vous avez sélectionné les impacts prioritaires de l’aléa et les facteurs de risque que vous allez gérer, vous pouvez commencer à étudier des actions précoces susceptibles de réduire ces impacts de catastrophe. Les méthodes ci-dessous (détaillées dans les lignes qui précèdent) peuvent être utilisées pour identifier des actions précoces potentielles et réfléchir à leur sujet. N’oubliez d’impliquer des expert·e·s de secteurs concernés : abris, agriculture, EAH et santé, gestion des catastrophes, etc. D’après notre expérience, de nombreuses parties prenantes ont tendance à se cantonner aux interventions classiques, car c’est à ce type d’interventions qu’elles sont habituées. Mais essayez de les faire sortir des chemins battus et poussez-les à envisager des solutions inédites, en particulier lors des séances de travail et des groupes de discussion mais aussi des entretiens.
Méthode H : analyse des politiques et pratiques en vigueur
La consultation de documents politiques locaux, même si on peut penser qu’elle fait partie de l’analyse approfondie de la littérature, peut donner des idées d’actions précoces potentielles et vous aider à comprendre la manière dont le FBP peut cadrer avec les systèmes en place.
N’hésitez pas à compulser un grand nombre de documents :
- Règles, réglementations et plans pour la gestion des risques de catastrophe
- Il est important de comprendre le mode de fonctionnement du système en général afin de s’assurer que les actions peuvent compléter les structures existantes.
- Plans de contingence
- Ils vous aideront à mieux connaître les interventions qui se déroulent au niveau national et jusqu’au niveau des communautés.
- Plans d’adaptation au changement climatique
- Même s’il s’agit généralement d’interventions à plus long terme, ils peuvent intégrer des plans pour une intervention aiguë ou des actions susceptibles d’être adaptées à des échéances différentes.
- Évaluations de programmes ou interventions humanitaires antérieur·e·s
- Vous y trouverez des indications sur ce qui a été essayé, ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné dans votre contexte.
Méthode I : consulter une base de données d’actions précoces à l’échelle mondiale
Le Mécanisme du DREF pour l’ABP et le hub Anticipation développent une base de données d’actions précoces en temps réel destinée à faciliter les partages entre les projets de FBP et les contextes des actions précoces potentielles qui ont été mises en œuvre ou suggérées dans d’autres contextes. N’hésitez pas à la consulter pour compléter votre étude spécifique au contexte. Cette base de données s’étoffera au fur et à mesure que le FBP sera étendu à de nouvelles zones et à de nouveaux aléas. Tout comme les idées d’action précoce que font émerger les méthodes ci-dessus, la faisabilité et la pertinence de toute action figurant dans cette base de données doivent être soigneusement analysées par rapport à votre contexte.
D’autres organisations ont également dressé des listes d’actions précoces que vous pouvez consulter. Voir par exemple la POS pour l’action précoce lors des épisodes El Niño/La Niña de l’IASC qui propose un échantillon d’actions précoces à l’annexe 1.
Méthode J : classement des activités par les communautés (voir EVC)
Des exercices participatifs de classement par les communautés, dans le cadre d’un groupe de discussion ou non, peuvent également vous aider à identifier les priorités au niveau des communautés. La Boîte à outils EVC de la FICR donne quelques conseils intéressants pour animer ce type d’activités.
Étape 4 : resserrer la liste des actions précoces et les classer par priorité
À ce stade, vous avez appliqué les méthodes expliquées ci-dessus pour identifier et prioriser les impacts susceptibles d’être gérés par le FBP et dressé une liste d’actions précoces potentielles pour ce faire, le moment est donc venu de sélectionner les actions les plus prometteuses pour réduire les souffrances et les pertes.
Il faut évidemment tenir compte des priorités des parties prenantes mais sans oublier qu’elles ne représentent qu’un seul critère pour une action précoce efficace. Il y a de nombreux autres critères qui peuvent être utilisés pour évaluer et classer au mieux les actions précoces. Il n’existe pas de « bon moyen » pour établir un ordre de priorité, mais n’hésitez pas à prendre en compte les critères ci-après lors du processus de sélection. N’oubliez pas non plus que certains d’entre eux (faisabilité, éléments probants, échelle, capacité, durée de vie du matériel d’urgence, etc.) font partie des critères minimums pour les PAP soumis au Mécanisme du DREF pour l’ABP. Cliquez sur le lien pour découvrir quelques exemples de ce que les différents critères peuvent apporter à la priorisation des actions précoces de votre PAP.
Critères pour la sélection des actions précoces
L’action est-elle cohérente par rapport aux plans de contingence du gouvernement ou d’autres institutions ?
Exemple d’adéquation politique : transferts monétaires au Mozambique
Lors de l’élaboration du PAP Cyclone au Mozambique, l’Institut national de gestion des catastrophes (l’agence gouvernementale qui supervise les interventions après une catastrophe) n’a pas autorisé les transferts monétaires. La Société nationale n’a donc pas pu prévoir ce type d’actions dans son PAP alors même que les transferts monétaires auraient théoriquement pu être utilisés pour atténuer de nombreux impacts d’un cyclone avant son arrivée. Depuis le passage du cyclone Idai en mars 2019, le gouvernement apporte des changements à ces politiques. Partant, les transferts monétaires pourraient être envisagés pour le PAP Inondation ou pour de futures versions du PAP Cyclone.
Des éléments probants démontrent-ils que l’action pourrait avoir une certaine efficacité dans la réduction du ou des impacts priorisés ?
Exemples d’éléments probants relatifs à l’efficacité
Mongolie
La Croix-Rouge mongole est venue en aide à 2000 familles d’éleveurs, elle a distribué des aides en espèces inconditionnelles d’un montant de 100 dollars américains en décembre 2017 ainsi que des trousses de soins animaliers aux pasteurs en janvier 2018. Des études indiquent qu’une activation du FBP avant des conditions hivernales extrêmes, le Dzud, a permis de réduire la mortalité du bétail d’environ 50 % tout en augmentant le taux de survie des animaux nouveaux nés grâce à ces deux actions.
Bangladesh
Au Bangladesh, une intervention test menée en 2017 montre que les familles qui bénéficient de transferts monétaires avant les inondations accumulent significativement moins de dettes à taux d’intérêt élevé (une stratégie d’adaptation courante en l’absence de transferts) et ressentent moins de stress psychosocial pendant et après l’inondation. Elles ont en outre un accès plus fiable à des aliments nourrissants en quantité suffisante.
Cette action peut-elle être organisée et implémentée à l’échelle souhaitée ?
Exemple d’intensification
Ouganda
En Ouganda, le premier projet de FBP couvrait une petite zone géographique, mais après des activations de test et une analyse plus poussée, il s’est avéré que les systèmes de FBP pour les Sociétés nationales sont plus efficaces s’ils peuvent être mis en œuvre dans n’importe quel endroit où les prévisions annoncent un impact grave (au moyen d’informations relatives à la prévision des impacts). Si une inondation est prévue dans un bassin fluvial, la prévision des impacts doit indiquer à la SN les communautés qui doivent s’attendre à subir l’impact le plus grave afin qu’elle puisse agir en conséquence. Dans cette approche, il faut savoir si la Société nationale a la capacité d’implémenter l’action précoce sélectionnée dans tous les endroits susceptibles d’être impactés.
Des éléments probants indiquent-ils que l’action est faisable ?
Voici deux aspects importants de la faisabilité :
Le temps requis :
- Est-il possible de mener l’action à bien dans le délai de la prévision ?
Les questions d’accès :
- Certains facteurs (état des routes ou conditions de voyage, conflit/sécurité, tensions sociales, etc.) risquent-ils de gêner l’accès aux communautés et donc la bonne implémentation de l’action ?
Des exemples de faisabilité (test du calendrier et questions logistiques dans le cadre de simulations) se trouvent ici.
La capacité de la SN conditionne elle aussi la faisabilité.
L’action proposée peut-elle compter sur le soutien de la communauté ?
Exemple d’acceptabilité sociale : démontage de maisons avant une tempête
Certaines actions peuvent être efficaces, ce n’est pas pour autant que les communautés seront disposées à les mettre en œuvre. Lors d’échanges avec des expert·e·s en logement, ils·elles ont suggéré que démonter les maisons et mettre de côté les éléments les plus précieux (portes, fenêtres, toitures métalliques, etc.) pourrait être un bon moyen de réduire les pertes lors des cyclones ou des inondations. Mais une action de ce type sera efficace uniquement si la communauté est elle aussi convaincue que le travail qu’elle exige vaut la peine de courir ce risque ou ce bénéfice potentiel. Lors des groupes de discussion organisés par l’équipe CRM, une communauté à risque a expliqué qu’elle procédait déjà de cette façon, mais d’autres ont jugé que cette action prenait trop de temps et ne semblait pas très efficace. Si seule une poignée de communautés se montrent disposées à prêter leur concours à votre action précoce, la probabilité que celle-ci donne globalement de bons résultats est faible. Avant d’intégrer dans votre PAP des actions qui risquent de rencontrer une résistance de la part de la communauté, discutez avec un large éventail de bénéficiaires potentiel·le·s de manière à vérifier si cette action est socialement acceptable.
La SN possède-t-elle la capacité institutionnelle requise (thématique, logistique, administrative, financière, ressources humaines, branche) pour implémenter l’action efficacement dans le délai et à l’échelle nécessaires ?
Quel est le rapport entre le coût de l’action et son avantage espéré (ou avéré) ? Y a-t-il d’autres actions qui pourraient avoir le même impact tout en coûtant moins cher ?
Exemple d’optimisation des ressources/efficacité : citernes ou équipements individuels pour la purification d’eau
Il se peut qu’il y ait plusieurs manières d’atténuer l’impact choisi. Le cas échéant, n’hésitez pas à comparer l’efficacité des différentes mesures pour identifier celle qui offre le plus de valeur. Dans le cadre des démarches destinées à garantir aux communautés ou aux ménages un accès à de l’eau salubre après un événement extrême dans un pays FBP, il est possible de mettre sur pied des points d’eau communautaire ou de distribuer des kits de purification aux ménages. Une analyse de la littérature suggère que l’installation de citernes au sein des communautés risque de monopoliser davantage de ressources et de créer plus d’obstacles à une utilisation systématique que la distribution de kits à chaque ménage. La SN a donc décidé de fournir des kits et de ne pas installer de citerne pour fournir de l’eau à l’ensemble de la communauté.
La Société nationale ou toute autre organisation qui implémente les actions précoces dans le cadre du FBP possède-t-elle le mandat, l’expertise et l’autorité pour ce faire ?
Exemple d’alignement : la Croix-Rouge n’a aucune expertise en matière de protection des routes
L’action est-elle bénéfique quel que soit le moment de l’année ou son bénéfice dépend-il du moment où l’événement survient ?
Exemple de calendrier : récoltes avant une inondation
Certaines actions, bien que potentiellement bénéfiques et efficaces, sont possibles uniquement pendant un court laps de temps. Prenons l’exemple de la récolte des cultures avant qu’elles soient dévastées, la démarche se révèle pertinent/efficace seulement si l’événement se produit peu de temps avant le moment de la récolte. Or à la saison des cyclones ou des inondations, un événement de ce type peut frapper à tout moment, l’équipe active au Mozambique a donc décidé de ne pas intégrer cette action dans le PAP. Une autre option consiste à lier certaines actions à un moment ou à une saison spécifique, si bien qu’elles ne peuvent être déclenchées que si le moment le permet. Le bénéfice potentiel de ce type d’actions saisonnières doit donc être pondéré en fonction des coûts administratifs et des coûts liés à la préparation de plusieurs actions précoces.
Pendant combien de temps l’action va-t-elle bénéficier aux personnes concernées ?
Lorsque vous préparez une action, n’oubliez pas de calculer le laps de temps pendant lequel l’action va et doit bénéficier aux personnes. Si vous prévoyez par exemple de distribuer des kits de purification de l’eau de manière à ce que les personnes impactées aient accès à de l’eau salubre directement après l’événement et jusqu’à ce qu’une intervention normale soit organisée, vous devez réfléchir au temps que prend généralement ce type d’interventions. À défaut, les personnes risquent de tomber à court et de devoir recourir à de l’eau souillée, ce qui rendrait votre action inefficace.
Mais vous devez prendre en considération d’autres éléments encore concernant la durée de vie de l’action. Si vous prévoyez de distribuer des matériaux pour consolider les abris, il est peu réaliste de supposer que le matériel fourni lors de la première saison des cyclones sera encore disponible la saison suivante. Par ailleurs, les moustiquaires ont une durée de vie moyenne de 3 ans dans de nombreux contextes. Et si l’efficacité de votre activité dépend de formations ou de compétences spécifiques, combien de temps les personnes formées vont-elles retenir ce qu’elles ont appris ? Calculez le temps pendant lequel vous voulez que votre matériel ou vos actions bénéficient aux personnes concernées et adaptez vos actions en conséquence.
Combien de temps faut-il attendre pour que l’action livre ses bénéfices ? Une action précoce s’impose-t-elle pour obtenir ces bénéfices ou l’action peut-elle se faire après l’événement ?
Exemple : délai avant que les actions précoces fassent effet
Il faut parfois un peu de temps avant que les effets d’une action précoce se fassent sentir, même si celle-ci doit pouvoir être mise en œuvre rapidement. Au Pérou, la vaccination des alpagas pour réduire la mortalité due à la vague de froid commence à agir en quelques jours, soit avant que l’impact du froid et du vent sur la santé des animaux soit trop grave et avant que les interventions classiques atteignent les villages les plus reculés. Néanmoins, dans le cas où il faut plusieurs semaines après une catastrophe pour que les personnes commencent à ressentir les effets que vous souhaitez réduire, une intervention classique peut être plus efficace et plus facile à orienter. D’un autre côté, si certaines zones se situent à l’écart des itinéraires d’approvisionnement après un événement, une action précoce peut rester bénéfique et réduire la nécessité de recourir à un appui aérien ou à une logistique complexe. Si l’action peut être mise en œuvre avec un même degré d’efficacité par l’intermédiaire de systèmes d’alerte précoce et d’intervention ou directement après un événement, il n’y a pas de raison de prendre le risque d’agir en vain.
Les personnes concernées tireront-elles un bénéfice de l’action même si l’événement ne se produit pas ?
C’est dans la nature du FBP : il arrive que l’événement prévu ne se produise pas ou qu’il touche un autre endroit. Vous prenez donc le risque d’« agir en vain ». Le PAP va vous demander de réfléchir à l’aide que les actions envisagées peuvent apporter aux personnes même si aucune catastrophe ne se produit. Le matériel fourni pour construire des abris de survie peut être utilisé à d’autres fins ou pour des réparations. Le matériel de purification de l’eau peut être conservé en vue d’une future inondation. Les bénéficiaires de transferts monétaires inconditionnels peuvent utiliser cet argent à leur guise, les ménages sauront quoi en faire, quelle que soit l’évolution de la situation.
Mais n’oubliez jamais que le fait d’agir en vain et la crédibilité de la SN sont étroitement reliés. Organiser des évacuations à grande échelle et à répétition mais en vain risque de se révéler peu bénéfique au fil du temps.
L’action sélectionnée respecte-t-elle le principe « agir sans nuire » ? L’action sélectionnée va-t-elle créer un nouveau risque ?
Un PAP approuvé dans le cadre du Mécanisme du DREF pour l’ABP reste valide jusqu’à son activation ou pour un maximum de 5 années, après quoi il doit être révisé et soumis une nouvelle fois pour approbation. Si les actions précoces envisagées dépendent du prépositionnement de fournitures, il faut impérativement que celles-ci n’arrivent pas à échéance avant la fin de ces 5 années.
Exemple au Pérou
Dans les Andes, du foin et de kits vétérinaires ont été distribués à des familles d’éleveur·se·s à titre de test lors d’une des premières phases du projet, car parmi les impacts prioritaires des vagues de froid figuraient les pertes de bétail : les alpagas ne trouvant plus d’herbe, ils risquaient de succomber aux maladies. Mais le foin et un produit de remplacement, des aliments secs concentrés, devaient être prépositionnés pour garantir leur disponibilité à court terme. Or la durée de vie de ces deux types de fournitures était inférieure à 5 ans, si bien qu’elles n’ont pas pu être prises en compte dans le PAP : il y avait en effet un risque qu’elles se périment avant que le PAP soit activé.
Selon l’aléa, il se peut que l’activation ne précède l’événement extrême que de quelques jours. Si des actions précoces dépendent d’un matériel d’urgence spécifique qui ne peut pas être obtenu dans un délai si court, il faut envisager un prépositionnement. Mais le Mécanisme du DREF pour l’ABP permet d’utiliser le budget du PAP pour le prépositionnement à hauteur de 40 % maximum. Dès lors qu’une action précoce consiste à prépositionner des marchandises pour un pourcentage supérieur, il faut soit identifier des actions précoces différentes soit financer les stocks à partir d’autres sources ou prendre d’autres dispositions pour l’approvisionnement (stocks virtuels, etc.).
Septième série de conseils pratiques : éléments probants relatifs à l’efficacité
La quantité et la qualité des éléments probants relatifs aux actions précoces potentielles varient énormément. Une série d’interventions, notamment la distribution de dispositifs de purification de l’eau et de moustiquaires, ont été testées dans une vaste gamme de contextes humanitaires et non humanitaires. Mais certaines n’ont pas été expérimentées dans le cadre des actions précoces basées sur les prévisions (qui sont implémentées dans le court laps de temps avant l’arrivée d’un événement extrême).
Le cas échéant, les éléments probants relatifs à l’efficacité dans d’autres contextes peuvent être extrapolés pour évaluer l’efficacité potentielle d’une action précoce. Si par exemple une action est difficilement menée à bien sur un délai plus long, elle ne sera probablement pas viable dans le cadre d’une implémentation à court terme.
Même si leur volume reste restreint, les éléments probants et les études sur l’efficacité de certaines actions précoces s’accumulent en nombre toujours plus grand. Le groupe de travail S&E sur le FBP/l’action d’anticipation est occupé à compiler tous ces éléments probants, qui seront bientôt accessibles à toutes les Sociétés nationales sur la plateforme du hub Anticipation.
Une liste complète des termes de recherche et le protocole d’analyse systématique appliqué par l’équipe de recherche au Mozambique sont consultables ici. Tous les éléments probants découverts pour les diverses actions précoces envisagées au Mozambique figurent en outre dans la colonne « Evidence » de la Global Early Action Database. Vous découvrirez également un résumé des PAP approuvés ainsi qu’une liste des différentes actions précoces sur le site internet de la FICR pour le Mécanisme du DREF pour l’ABP.
Huitième série de conseils pratiques : appliquer les critères – le processus au Mozambique
Un enseignement clé a été tiré de l’expérience au Mozambique : il est totalement irréaliste de croire qu’il y a un ordre fixe, indépendant de tout contexte, dans lequel les critères peuvent ou doivent être employés. L’équipe active au Mozambique a compris qu’il était impossible de les appliquer de manière linéaire. Elle a au contraire examiné les actions précoces potentielles au moyen d’un processus itératif consistant à réduire toujours plus le spectre des actions envisageables, en se focalisant sur les interventions prometteuses, en collectant des données supplémentaires et en reconsidérant les actions à la lumière des nouvelles connaissances. La discussion ci-dessous donne quelques exemples d’application des critères précités au Mozambique afin de resserrer l’éventail des possibilités sur les actions précoces les plus réalistes et les plus bénéfiques.
Au Mozambique, certains critères se sont révélés particulièrement utiles pour réduire rapidement le champ des actions précoces potentielles et orienter les recherches ultérieures. Il s’agissait notamment de l’adéquation politique, de l’alignement avec le mandat et les priorités de l’organisation, de la capacité d’implémentation et de la faisabilité.
L’adéquation politique constituait un critère essentiel au Mozambique, car les transferts monétaires (un domaine d’action qui présente un intérêt particulier pour la communauté FBP) étaient explicitement interdits par la législation mozambicaine de l’époque. Même si ce type d’actions aurait pu réduire les impacts des inondations et des cyclones dans le pays, l’équipe a décidé de ne pas perdre de temps à étudier des actions précoces qui ne seraient pas réalisables avant l’échéance de ce projet. Elle a néanmoins ajouté les actions impliquant des transferts monétaires dans la base de données relative aux actions précoces potentielles. Si ce type d’interventions peut être envisagé dans le futur, il faudra consentir de nouveaux efforts pour étudier sa faisabilité et développer des théories du changement.
Au Mozambique, deux critères (l’alignement avec le mandat et les priorités de l’organisation et la capacité de la CRM d’implémenter l’action) étaient interreliés. La Croix-Rouge a été choisie pour le rôle d’acteur prévisionnel au Mozambique, ces deux conditions doivent donc être remplies pour que l’action soit menée à bien. Partant, des actions destinées à renforcer les routes, les ponts et les lignes électriques ont été éliminées d’emblée. Les volontaires de la Croix-Rouge du Mozambique n’ayant ni l’expérience ni le mandat pour tenter de consolider les infrastructures publiques ou les lignes électriques, il vaut mieux que les actions précoces dans ces domaines soient planifiées par l’autorité gouvernementale des transports et financées par d’autres moyens.
La faisabilité est susceptible d’être un critère essentiel dans n’importe quel contexte. Si l’action ne peut pas être effectuée dans le délai de la prévision, elle doit être mise de côté. Mais si personne n’a encore testé votre intervention, il ne sera peut-être pas simple de savoir si une action peut être menée à bien sur le laps de temps disponible. Le problème s’est posé notamment pour la consolidation des abris au Mozambique. Les dégâts causés aux maisons comptent au nombre des impacts majeurs des cyclones selon les données historiques et les parties prenantes à tous les niveaux, la CRM a donc décidé d’organiser des simulations pour vérifier si les volontaires de la Croix-Rouge étaient capables de distribuer des matériaux, de donner des formations et de mettre en œuvre les actions dans le délai offert par les prévisions.
L’échelle à laquelle l’action peut être mise sur pied et menée à bien a aussi fortement pesé dans la balance. Fournir aux familles une aide pour l’évacuation de leurs membres, de leurs animaux et de leurs biens aurait pu réduire significativement le nombre de personnes qui décident de rester sur place malgré le danger, ainsi que les pertes en vies humaines et en moyens de subsistance, mais la CRM n’avait pas la capacité requise pour créer les mesures nécessaires pour l’ensemble des communautés du pays susceptibles d’être touchées par un cyclone. Ce type d’actions est plus facile à mettre en place au sein de communautés spécifiques qu’à l’échelle nationale.
Des critères comme le moment de l’action ou son acceptabilité sociale ont été appliqués seulement après que les autres critères ont été remplis. L’équipe a conclu qu’aider les personnes à effectuer la récolte avant une tempête serait trop compliqué, car une telle mesure implique la mise en place de systèmes d’argent contre du travail dans un délai très court et n’est viable que si l’inondation ou l’ouragan survient à la fin de la saison de croissance. La possibilité de démonter les maisons pour mettre de côté et sauver des éléments d’un coût élevé a surgi plus tard dans des échanges avec des expert·e·s, si bien que l’acceptabilité sociale de cette mesure au niveau des communautés n’a pas pu être étudiée avant une phase plus tardive du processus de sélection des actions.
Si certains critères comme les éléments probants relatifs à l’efficacité étaient hautement souhaitables, ils sont très peu nombreux pour de nombreuses actions compte tenu de la nouveauté du concept de FBP. Sensibilisée à ce problème, la CRM a tenté d’assembler un corpus d’éléments probants pour la consolidation des abris dans le cadre du FBP en testant cette intervention dans son protocole.
Enfin, une série de critères ont été brièvement pris en compte mais n’étaient pas particulièrement utiles dans le contexte mozambicain. L’optimisation des ressources/efficacité a pu être prise en considération uniquement lorsque l’équipe avait accès à des données comparables et fiables sur les coûts relatifs et l’efficacité de différentes interventions (destinées à gérer le même impact). Ces données étaient le plus souvent inaccessibles mais elles ont été factorisées dans la prise de décisions lorsqu’elles étaient disponibles. L’équipe a notamment tenu compte d’éléments probants indiquant que l’installation de grandes citernes d’eau s’accompagne de coûts logistiques plus élevés que la distribution de kits de purification de l’eau aux familles.
Après avoir finalisé le processus d’identification des impacts prioritaires, étudié chaque action à la lumière des critères ci-dessus, éliminé les actions qui ne remplissent pas les critères clés, identifié les lacunes dans les connaissances, rassemblé des informations supplémentaires et réévalué les options (autant de fois que nécessaire), votre équipe aura finalement retenu les actions qui ont le plus de sens dans votre contexte.
Étape 5 : développer des théories du changement
Une fois que vous avez identifié une série d’actions précoces prometteuses, le moment est venu d’opérationnaliser et de tester la logique qui sous-tend ces idées au moyen de théories du changement. Une théorie du changement (TDC) brosse un tableau complet de la marche à suivre pour instaurer un changement souhaité dans un contexte particulier mais aussi des raisons de ce changement. Dans le contexte du FBP, la création d’une théorie du changement implique de décrire étape par étape la marche à suivre pour atteindre le résultat espéré et les raisons de vouloir atteindre ce résultat (dans notre cas, l’atténuation de l’impact humanitaire) par la mise en œuvre des actions basées sur les prévisions qui ont été sélectionnées. Une théorie du changement vous aidera à visualiser et éventuellement à tester vos actions précoces pour vérifier si elles sont susceptibles de réduire l’impact priorisé. Elle prend souvent la forme d’une série d’énoncés « si…, alors… » qui est ensuite représentée sous une forme visuelle, par exemple un diagramme de flux (voir exemple ci-dessous). Pour vous aider, représentez-vous la TDC comme une carte sur laquelle vous indiquez le point auquel vous voulez parvenir (le résultat souhaité ou la solution du problème). Sur cette carte, dessinez ensuite la route qui à vos yeux, constitue le meilleur moyen d’aller de A à B (la description de la chaîne de résultats à laquelle vous vous attendez, de l’action à la solution). Vous allez vite comprendre que vous faites des suppositions, par exemple,qu’un pont spécifique est praticable ou que vous pouvez parcourir une certaine distance par jour. Notez également les points de repère que vous vous attendez à voir en cours de route (résultats intermédiaires ou étapes importantes). Vous devez absolument utiliser tous les éléments probants dont vous disposez lorsque vous élaborez une théorie du changement, de manière à ce que chaque relation « si…, alors… » s’appuie sur des informations et des éléments probants plutôt que sur des conjectures.
Une TDC peut aussi servir de base pour un cadre logique, ainsi que pour des cadres de surveillance et d’évaluation. Votre équipe doit donc concevoir une TDC détaillée pour chaque action précoce envisagée qu’elle souhaite inclure dans le protocole. Le choix du nombre de TDC à développer à ce stade dépend des besoins de votre équipe et du processus que vous avez adopté pour resserrer l’éventail des actions précoces et les tester. Au terme de ce processus, votre équipe doit avoir une connaissance approfondie des raisons pour lesquelles chaque action contribuera aux résultats souhaités et de la marche à suivre pour ce faire. La TDC pour les actions précoces sélectionnées doit figurer dans le PAP soumis au Mécanisme du DREF pour l’ABP.
Le processus TDC est une démarche cruciale dans l’identification de vos actions, essayez dès lors de suivre ces conseils sur les étapes à suivre.
L’élaboration d’une théorie du changement compte au moins quatre étapes :
Étape 1 :
Prenez comme point de départ un objectif spécifique, le changement positif que le programme ou le projet souhaite introduire pour résoudre un problème qui a été identifié.
- Exemple : « Réduire l’incidence des maladies diarrhéiques dans les communautés vulnérables lors des inondations à Exemplandia. »
Étape 2 :
Planifiez le processus de changement, en partant de l’objectif spécifique et en remontant vers votre point de départ. Posez la question : « Qu’est-ce qui est nécessaire pour concrétiser ce changement ? » Faites cette démarche en équipe, c’est très utile, et demandez conseil à des parties prenantes pertinentes qui possèdent de bonnes connaissances dans le domaine qui vous intéresse. Astuce : notez les étapes du processus sur des post-it que vous collez sur un tableau de conférence (voir exemple ci-dessous). La visualisation d’une TDC aide les membres de l’équipe à mieux la comprendre et à remettre plus facilement en question sa logique.
- Exemple : Représentation visuelle d’une TDC pour Exemplandia (figure 4).
Étape 3 :
Rédigez un résumé de la situation sous la forme d’une suite d’événements qui s’enchaînent de manière logique (énoncés « si…, alors… ») et citez les éléments probants à l’appui de ceux-ci.
- Exemple : « Si toutes les familles dans les communautés touchées par une inondation disposent de tablettes pour purifier l’eau pour 30 jours et ont reçu des informations sur leur mode d’emploi, alors elles vont purifier l’eau qu’elles pourront boire. Si elles purifient toute leur eau, alors l’incidence des maladies diarrhéiques va baisser. »
Étape 4 :
Formulez des hypothèses implicites sur la manière dont les changements se produisent, explicitez les éléments probants et citez leur référence.
- Astuce : notez ces hypothèses sur des post-it d’une couleur différente et ajoutez-les entre les étapes du processus.
Dans l’exemple précédent, de nombreuses hypothèses sont faites qui doivent être confirmées par des éléments probants. Par exemple, l’équipe part du principe que les ménages comprennent et apprécient à leur juste valeur les informations qu’ils ont reçues sur l’importance de la purification de l’eau, ou qu’ils ont déjà été formés et sensibilisés à l’utilisation de tablettes pour purifier l’eau. Mais que se passe-t-il si leur savoir préexistant en la matière est faible ? Si la documentation écrite a été remise à une famille dont les membres ne savent pas lire ? Si certains membres de communauté parlent une autre langue ? Si des familles ont des réserves vis-à-vis des pilules ou tablettes bleues en raison de mauvaises expériences ou d’une rumeur ? Si les ménages purifient leur eau potable mais pas l’eau utilisée pour laver les aliments ? Si les règles d’une bonne hygiène sont mal connues et que les membres du ménage ne se lavent pas les mains à l’eau et au savon avant de préparer ces aliments et de manger ?
Toutes les hypothèses, aussi triviales qu’elles paraissent, doivent être formulées explicitement et contrôlées sur la base d’éléments probants pour vérifier si elles sont « sûres » ou si elles doivent être réglées dans le protocole d’action précoce.
Autre mode de visualisation d’une théorie du changement pour les actions basées sur les prévisions
Références supplémentaires
Enseignements et recommandations
Les méthodes et processus décrits ci-dessus peuvent vous aider à identifier et à sélectionner des actions précoces. Nous concluons par quelques suggestions clés que vous pouvez appliquer dans votre contexte.
L’identification et la sélection d’actions précoces sont un processus itératif
- Comme expliqué plus haut, l’analyse des actions précoces n’a rien d’un processus linéaire. Au fur et à mesure que vous vous concentrez sur les actions les plus prometteuses, de nouvelles questions peuvent surgir. Repérez les lacunes dans vos connaissances et essayez de les résoudre jusqu’à ce que vous soyez sûr·e des actions que vous sélectionnez.
Gardez l’esprit ouvert
- Au sein de votre organisation, les personnes sont peut-être attachées aux actions qui leur sont familières dans un contexte d’intervention spécifique. Assurez-vous de discuter avec le plus grand nombre possible d’expert·e·s et de parties prenantes externes pour élargir au maximum les possibilités.
Ne prenez pas n’importe quoi, simplement parce qu’il « faut bien »
- Il se peut qu’au terme de ce processus, seules quelques actions, voire aucune, puissent être mises en œuvre correctement. Si c’est le cas, vous devez peut-être reparler du projet aux sponsors/bailleur·se·s de fonds ou chercher des actions simples (renforcer l’alerte précoce, etc.) susceptibles d’avoir un impact.
Faites preuve de sens critique : développez des théories du changement et testez-les lorsque c’est possible
- L’élaboration d’une théorie du changement claire vous aidera à évaluer l’apport de votre action à l’atténuation de l’impact priorisé et à vérifier si elle peut vraiment être mise en œuvre avec succès dans le délai dont vous disposez. Les parties prenantes ont peut-être fait preuve d’un optimisme (pessimisme) exagéré concernant la faisabilité ou l’efficacité d’une action envisagée. Des simulations ou des pilotes à petite échelle sont de bons moyens de tester votre théorie du changement et votre capacité opérationnelle mais aussi d’améliorer la qualité de votre projet de protocole d’action précoce.
Un critère, cela ne suffit pas
- Comme vous pouvez le voir dans le processus ci-dessus, il faut prendre en considération de nombreux facteurs pour sélectionner des actions précoces. Une action qui s’est avérée extrêmement efficace dans un endroit peut être impossible dans un autre en raison de contraintes politiques, logistiques ou autres. Vous devez dès lors rassembler des éléments probants pour chacun de ces critères et ne pas vous laisser guider par un seul.
N’hésitez pas à puiser un peu d’inspiration dans d’autres actions précoces
- Un nombre croissant de pays et de partenaires implémentent le FBP pour toute une gamme d’aléas. Adressez-vous à d’autres pays FBP pour obtenir des conseils qui s’appuient sur des bonnes pratiques.
Constituez votre propre corpus d’éléments probants
- Le FBP est un nouveau concept. Vous devrez donc peut-être identifier une action qui n’a pas encore été testée dans les mêmes circonstances que les vôtres. Si votre action innovante a la capacité d’aider des personnes et que les partenaires concerné·e·s vous apportent l’aide voulue, il vaut probablement la peine de tester cette action et de collecter vos propres éléments probants. Vous pourrez ensuite les partager avec la communauté du FBP et apporter votre contribution à la base de données qui regroupe les actions précoces potentielles (Early Action Database) tout en aidant d’autres intervenant·e·s qui ont entamé un processus d’identification et d’évaluation des actions précoces.
Faites appel à des expert·e·s
- Bien que l’implication de la communauté dans la sélection des actions soit indispensable, il faut aussi faire appel à des expert·e·s sectoriel·le·s lors du processus de brainstorming afin d’identifier les meilleures mesures pour réduire les impacts priorisés, car certaines solutions pourraient être innovantes au point que les communautés à risque n’en aient même pas connaissance.
Assurez-vous que les actions précoces respectent le principe « agir sans nuire ».