Récapitulatif
Le plaidoyer et la communication font partie intégrante du processus destiné à nouer des partenariats équilibrés, avec des responsabilités claires et réciproques, entre les gouvernements et les sociétés nationales. Comme dans beaucoup de projets ou programmes du MCRCR, le plaidoyer constitue un outil essentiel pour faire passer un message aux décideur·se·s, aux bailleur·se·s de fonds et aux responsables politiques. Les sociétés nationales qui sont sur le terrain ouvrent la voie du FBP, elles sont donc bien placées pour diriger les efforts de plaidoyer et pour concevoir des programmes de FBP adaptés aux contextes GRC nationaux et infranationaux en étroite collaboration avec les agences gouvernementales et d’autres parties prenantes.
Les gouvernements jouent un rôle prépondérant dans la création d’un environnement propice au FBP, car ils élaborent les politiques et mettent à disposition l’expertise technique, les données et les ressources nécessaires à la préparation et à l’implémentation d’actions précoces, à l’amélioration des services météorologiques, au partage de données sur les risques et à l’instauration de conditions qui favorisent la coopération entre plusieurs secteurs.
En leur qualité d’auxiliaires des gouvernements, les sociétés nationales dépendent de ces derniers pour créer un environnement favorable à la gestion des risques de catastrophe qui leur permet de mener leurs activités, tandis que les gouvernements s’appuient sur les sociétés nationales pour fournir une assistance fiable et combler les lacunes entre les besoins liés à la préparation et à la réaction.
Dans de nombreux pays, l’activation de PAP et l’implémentation d’actions précoces en cas de prévision d’un événement extrême dépendent du gouvernement, qui doit autoriser et valider ces actions. Il est dès lors crucial que les pouvoirs publics soient impliqués à tous les échelons, du local au national, dans l’implémentation du programme de FBP et la conception des PAP de la Société nationale.
Outre l’implication du gouvernement dans la préparation et l’implémentation des PAP de la CR et du CR, le plaidoyer auprès de celui-ci revêt lui aussi une grande importance pour les efforts en vue d’intensifier le FBP et de l’installer dans la durée. L’intégration du FBP ou d’approches similaires dans les systèmes nationaux de GRC est le meilleur moyen de garantir la pérennité du FBP au niveau national mais aussi la couverture requise pour atteindre une grande partie de la population à risque. Dans la majorité des projets, le plaidoyer en faveur du FBP auprès des gouvernements poursuit cet objectif à long terme et des avancées intéressantes ont été enregistrées dans certains pays, notamment les Philippines. Les gouvernements ont pour mission et devoir de protéger leurs citoyens contre les impacts des catastrophes par divers moyens : adaptation au changement climatique, réduction des risques de catastrophe, préparation, intervention d’urgence et relèvement. Le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, les Objectifs de développement durable et l’Accord de Paris constituent autant de cadres politiques et offrent une possibilité de plaider en faveur de l’intégration du FBP dans les structures de GRC des gouvernements, surtout que nombre d’entre eux revoient actuellement leurs législations pour les mettre en conformité avec ces cadres.
Ces dernières années, les partenaires et bailleur·se·s de fonds dans les domaines de l’humanitaire et du développement ont intensifié leur soutien au financement basé sur les prévisions et leur engagement en sa faveur, ce qui peut constituer un autre facteur susceptible d’inciter les gouvernements à s’impliquer. La création du hub Anticipation, du Risk Informed Early Action Partnership (REAP) et de la Early Action Task Force mais aussi des initiatives comme les Climate Risk Early Warning Systems (CREWS) de l’OMM peuvent aider ces gouvernements en facilitant les investissements, en favorisant l’échange de connaissances et d’expériences et en fournissant des conseils techniques.
Un gouvernement peut aussi exercer un important rôle de coordination, a fortiori dans les pays où plusieurs parties prenantes (ONG, Nations unies, CR, etc.) implémentent le FBP ou des approches d’anticipation similaires. Inversement, il faut absolument que ces efforts destinés à impliquer un gouvernement dans le FBP ou toute autre démarche d’anticipation soient coordonnés entre les entités qui mettent en place le FBP et qu’elles harmonisent leurs messages clés.
Le présent chapitre propose des conseils sur la marche à suivre pour impliquer des institutions gouvernementales pertinentes dans le développement d’un système de FBP. Il faut noter que les étapes indiquées ci-dessous ne doivent pas nécessairement être mises en œuvre selon un ordre linéaire et que certaines peuvent être déployées simultanément, en fonction du contexte. Dans les relations avec les pouvoirs publics, il n’y a pas d’approche « taille unique ». La liste ci-dessous cite des démarches courantes que des sociétés nationales aux reins solides ont entreprises pour impliquer, mobiliser et engager un gouvernement dans l’appui aux programmes de FBP. Chaque société nationale connaît son contexte mieux que personne et doit donc adapter ces démarches en conséquence.
Étape 2 : impliquer le gouvernement dans l’étude de faisabilité et publier les résultats
Il est indispensable d’impliquer le gouvernement dans l’étude de faisabilité afin d’identifier les politiques actuelles et futures, les priorités des autorités, le statut des systèmes d’alerte précoce ainsi que les initiatives en cours. C’est aussi le moyen d’obtenir des informations sur la capacité des agences gouvernementales concernées de contribuer au développement du FBP au sein du pays.
Associer l’étude de faisabilité à une introduction au FBP permet également de mobiliser les autorités pertinentes (gestion des risques de catastrophe, services hydrométéorologiques nationaux [SHN], etc.) et d’expliquer l’utilité du FBP pour combler les lacunes entre la préparation et la réaction.
Une fois terminée, l’étude de faisabilité doit être présentée au gouvernement en indiquant les liens avec les politiques, programmes et plans complémentaires, les faiblesses et opportunités, avec si possible une feuille de route pour les étapes suivantes du FBP.
Utiliser des éléments probants pour renforcer le SAP national au moyen du FBF
Les résultats de l’étude de faisabilité menée en Ouganda ont été présentés aux autorités gouvernementales au niveau national afin de valider les phases dìmplémentation suivantes et de se mettre d’accord à ce sujet. Cette étape était importante, car les dialogues ultérieurs avec le bureau du Premier ministre faisaient constamment référence à ses résultats. L’étude pointait en particulier l’absence d’un système d’alerte précoce et d’un modèle de prévision des crues dans le pays. Cette lacune a servi de point d’entrée pour convaincre le gouvernement de mettre sur pied un système de FbF et de l’intégrer au centre national d’urgence et de coordination.
Comment impliquer un gouvernement de manière optimale ?
« Tout dépend du contexte de la société nationale, qui le connaît mieux que personne. En Ouganda, nous avons organisé plusieurs déjeuners-conférences, avec un ordre du jour spécifique pour chaque session. »
Irene Amuron, conseillère technique, Centre du Changement climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Étape 3 : démontrer l’efficacité du FBP
Si l’on veut susciter l’intérêt du gouvernement et garantir un engagement à long terme, il faut que les acteur·rice·s clés soient convaincu·e·s par l’approche. Il y a plusieurs moyens de démontrer l’efficacité du FBP, ils sont présentés ci-dessous et leur choix se fera en fonction du contexte. Il faut trouver le juste équilibre entre l’« excitation » provoquée par une approche inédite et innovante et la nécessité de ne pas créer des attentes qui ne pourront être comblées.
Promotion du FBP en tant que complément à des efforts en cours dans le domaine de l’APAP et de la RRC
L’une des options pour démontrer l’efficacité du FBP consiste à expliquer qu’il peut compléter et même renforcer le cadre existant pour la gestion des risques de catastrophe. Il vaut mieux intégrer le FBP aux démarches déjà mises en place plutôt que lancer des initiatives parallèles.
Compte tenu de l’enthousiasme soulevé par le FBP, cette « nouvelle solution innovante », certains gouvernements risquent de s’inquiéter à l’idée qu’il sape le travail en cours dans le domaine de la RRC et de l’APAP. Les messages doivent l’affirmer clairement : le FBP ne remplace pas la RRC, la réduction des risques de catastrophe à long terme est essentielle pour réduire les risques, se protéger et s’adapter. Malheureusement, il reste de nombreuses communautés dans lesquelles la RRC n’a pas encore été implémentée, ou seulement partiellement, et tous les risques ne peuvent pas être réduits par des mesures de prévention et d’atténuation à long terme, si bien que le FBP s’impose pour gérer les risques résiduels. Il faut donc gérer les attentes concernant le rôle que le FBP peut jouer. Pour le reste, il convient de rappeler que le FBP fait partie du cadre de gestion des risques de catastrophe en spécifiant clairement ses tenants et aboutissants.
Exemple pratique : la Zambie
En Zambie, la Croix-Rouge collaborait étroitement avec l’Unité d’atténuation et de gestion des catastrophes (DMMU, Disaster Mitigation and Management Unit) pour déterminer où et comment le FBP pouvait compléter les activités en cours. Une évaluation des plans au niveau national a mis en évidence des données qui justifiaient l’implémentation du FBP, mais a aussi conduit à un document d’orientation pour des actions. Un examen du plan de contingence a permis à la Croix-Rouge et aux autorités de repérer des lacunes qui ont pu être comblées par le FBP. Sur cette base, le FBP a finalement pris la forme d’une initiative destinée à compléter et à renforcer le plan de contingence national et les politiques de GRC au sens large. Au terme de cette coopération, le DMMU joue désormais un rôle de leader dans le développement du FBP en Zambie. Il offre aussi un bon exemple d’une agence gouvernementale qui se fait la championne de l’intégration et de l’engagement.
Démonstration de l’efficacité du FBP
Il y a de nombreux moyens de prouver l’efficacité et la valeur ajoutée du FBP. Différents angles sont possibles, l’argument clé étant que le FBP peut aider le gouvernement à protéger sa population vulnérable contre les pertes et les souffrances. De manière générale, le partage d’expériences régionales tirées du FBP dans des pays pilotes aux quatre coins de la planète a contribué à susciter l’intérêt des parties prenantes pour le FBP.
Contribution aux plans de contingence du gouvernement et d’autres institutions :
- La cohérence avec les APAP et les plans de contingence et de préparation que le gouvernement a déjà mis en place peut non seulement apporter une valeur ajoutée mais aussi combler les lacunes du système de préparation aux catastrophes.
Potentiel de prévention/d’atténuation atténuation des impacts et renforcement de la préparation des interventions :
- Mettez en avant les éléments probants qui prouvent que le FBP pourrait réduire ou a réduit les pertes, la morbidité ou la mortalité sur la base de preuves et d’enseignements rassemblés dans d’autres pays, ainsi que le potentiel concernant les aléas sélectionnés dans votre pays en fonction des résultats de l’étude de faisabilité. N’hésitez pas à consulter ici l’étude menée au Bangladesh après l’activation de 2017.
Échelle :
- Citer le nombre de personnes supplémentaires qui pourraient bénéficier de l’aide du FBP en plus des programmes gouvernementaux en cours. Plus la population protégée augmente, plus le système est efficace. Le FBP cible les personnes les plus vulnérables qui vivent dans les zones à haut risque, pensez à indiquer le nombre de personnes qui pourraient bénéficier de cette protection, ce qui réduit d’autant l’obligation du gouvernement de fournir une assistance après une catastrophe.
Intervention plus efficace :
- Montrez que les actions précoces entreprises dans le cadre de projets pilotes de FBP dans d’autres pays de votre région ou dans des régions soumises à des aléas de même nature ont contribué à une intervention plus rapide et plus efficace.
Optimisation des ressources :
- Présentez les potentiels avantages économiques d’une action précoce pour la communauté et le gouvernement en vous basant sur des publications pertinentes dans ce domaine.
Possibilité de nouveaux partenariats :
- Citez les acteur·rice·s locaux·ales/régionaux·ales qui travaillent sur le FBP dans la région et qui seraient susceptibles de collaborer.
Option de financement appropriée :
- Présentez le Mécanisme du DREF pour l’ABP, ainsi que les niveaux auxquels l’assistance humanitaire traditionnelle et les fonds gouvernementaux disponibles pourraient jouer un rôle.
Promesse d’un lien avec la protection sociale :
- Évoquez la possibilité de lier le FBP à des programmes existants, par exemple la protection sociale, afin de renforcer l’efficacité de sa mise en œuvre et de son impact.
Donnez des exemples concrets de l’aide apportée par le FBP
Associez des éléments probants et des expériences : formule « Voir + Agir »
La liste ci-dessus peut être optimisée en associant des éléments probants d’ordre général tirés de projets de FBP et des expériences concrètes vécues par des communautés. Après tout, le FBP a pour but de prévenir et de réduire la souffrance des personnes pour lesquelles nous travaillons. Qui peut mieux parler de l’efficacité du FBP que ses bénéficiaires ?
Le Practical Guide to Advocacy for Disaster Risk Reduction (2009) de la FICR recommande la formule « See + Action » (Voir + Agir).
Exemple pratique : Bangladesh
Message :
(Rédigez un message simple.)
Le Bangladesh est l’un des pays les plus exposés aux catastrophes.
Impact :
(Citez un exemple d’impact humanitaire.)
D’après son indice de vulnérabilité au changement climatique, le Bangladesh est le pays le plus menacé du monde. Cette situation résulte également de ses caractéristiques géophysiques. Un peu moins de 70 % de sa surface est vulnérable aux inondations et les cyclones s’abattent sur ses côtes presque chaque année. Une évacuation peut durer jusqu’à 4 semaines, et les agriculteurs ou les travailleurs journaliers ne gagnent rien ou presque pendant tout ce temps. Ils doivent donc vendre leurs biens ou contracter des emprunts à des taux d’intérêt élevés pour financer leur évacuation, mais aussi leur nourriture et les dépenses de santé pendant et après l’évacuation.
Exemple :
(Citez un exemple ou une histoire personnelle tirée de votre propre expérience ou de celle d’un·e bénéficiaire de l’aide.)
Alefa Katun (40 ans) est journalière dans les champs de Bogra. Lors des inondations, elle n’a plus aucun revenu, car ces champs sont sous eau. Elle ne peut donc pas y travailler et son bétail ne peut plus paître.
Action :
(Mettez votre message en œuvre.)
En 2017, la communauté de Bogra qui participait au pilote du FBP a reçu un SMS qui avertissait les personnes dans le besoin d’une prochaine distribution d’espèces. Elles devaient se présenter dans les divers points de distribution pour bénéficier de cette assistance.
Alefa : « Grâce aux prévisions qui sont arrivées à temps et à l’activation rapide du PAP, nous avons reçu de l’argent liquide 3 à 7 jours avant le pic de l’inondation. Je suis vraiment reconnaissante. L’argent m’a permis d’acheter du fourrage pour mes vaches et de les évacuer. Sans cette aide, j’aurais dû les vendre, mais ce sont de bonnes bêtes, elles donnent du bon lait et elles sont en très bonne santé. »
Éléments probants :
(Présentez les conclusions de l’évaluation de l’impact après l’activation.)
Des études menées par la CRA, la SCRB et le RCCC après l’activation montrent qu’un nombre réduit de familles ont été forcées de contracter des emprunts à taux élevé ou ont souffert de stress, tandis que les ménages qui ont reçu l’assistance du FBP ont bénéficié d’un meilleur accès à la nutrition.
Étape 7 : consolider la connaissance institutionnelle du FBP parmi les parties prenantes externes
Il faut absolument que la portée du FBP soit bien comprise. Présentez le FBP comme l’une des solutions conçues pour combler les lacunes de l’APAP et renforcer le système de GRC. De nombreux·ses partisan·e·s du FBP le présentent comme « la solution » à toutes les difficultés rencontrées dans le cadre de l’APAP, ou comme « la nouvelle innovation » qui doit être adoptée par le gouvernement. En fonction de la forme qu’ils prennent, l’habillage et le marketing du FBP peuvent diminuer sa valeur et donner une mauvaise image des sociétés nationales, voire susciter de faux espoirs. Le FBP n’implique pas nécessairement un risque plus élevé de « mal tourner » que la plupart de nos autres activités.
Il s’agit par contre d’un sujet neuf, si bien que ses écueils potentiels sont susceptibles de passer inaperçus. Il faut également faire preuve d’ouverture face aux difficultés qui vont de pair avec le FBP. Un dialogue cordial sur les enseignements tirés dans d’autres pays, sur le potentiel réaliste de l’action précoce ainsi que sur ses avantages et ses risques éventuels contribue à susciter la confiance dans les systèmes tout en fournissant des renseignements pour la conception de stratégies destinées à gérer ces risques.
Visites de projet
L’organisation de missions exploratoires dans d’autres pays qui mènent des projets de FBP ou sur des sites où le FBP est susceptible d’être mis en œuvre (communautés fortement exposées aux catastrophes) avec des partenaires du gouvernement constitue un excellent moyen de nouer le dialogue et de définir l’aide que les interventions de FBP peuvent apporter.
Le partage des bonnes pratiques et des ressources (notamment pour les aléas communs) est un autre moyen utile d’appliquer des approches FBP à votre contexte. Plusieurs pays implémentent actuellement le FBP pour une série d’aléas et de contextes. Des échanges avec des hommes et femmes de terrain qui travaillent dans la même région ou dans d’autres zones peuvent aider votre société nationale à toutes les étapes du déploiement du FBP. N’hésitez pas à regarder des vidéos FBP ou à lire des fiches d’information pour y puiser un peu d’inspiration !
Exemple pratique : le Kirghizistan et le Tadjikistan
(Apprentissage par les pairs – introductions du FBP à distance, par des hommes et des femmes de terrain)
Au moment d’introduire le FBP au Kirghizistan et au Tadjikistan, des travailleur·se·s de terrain et des expert·e·s ont participé à une session de travail depuis le Pérou, le Mozambique, le Bangladesh et le siège de la FICR à Genève pour partager leurs expériences et répondre aux questions sur la mise en œuvre du FBP.
Organisez une plateforme de dialogue et facilitez la participation à des plateformes régionales
© GRC – This photo is the result of the 5th National Dialogue Platform on FbF in the Philippines in 2019.
Une démarche donne de bons résultats pour susciter l’intérêt des acteur·rice·s clés du gouvernement, étoffer les connaissances techniques mais aussi pour les rassembler toutes et tous autour de la table pour parler de la forme à donner au système de FBP, elle consiste à organiser des plateformes nationales de dialogue. À l’instar de plateformes mondiales et régionales, elles rassemblent des agences gouvernementales, des scientifiques et des agences des Nations unies, des ONG et la CR qui sont actif·ve·s dans le FBP et l’APAP ou qui s’y intéressent afin d’échanger des idées, des enseignements, des exemples concrets et des étapes suivantes.
Il faut également envisager d’inviter les parties prenantes clés au sein du gouvernement à des plateformes régionales de dialogue. Constater que d’autres gouvernements de la région s’engagent dans le FBP et connaître leur approche peut leur fournir des idées mais aussi renforcer leur intérêt et leur confiance dans sa faisabilité. Des échanges avec des contreparties dans des pays voisins peuvent également favoriser des solutions et une résolution des problèmes à l’échelle régionale. Le FBP organise des plateformes de dialogue mondiales, régionales et locales depuis 2014. L’illustration ci-dessus est le fruit du travail de la 5e plateforme de dialogue national sur le FBP qui s’est tenue aux Philippines en 2019.
Étape 8 : impliquer le gouvernement dans le développement d’un PAP
Le degré d’implication du gouvernement dans le FBP dépend du contexte. Il faudrait idéalement le consulter à chaque étape de la préparation du protocole d’action précoce. Cette consultation facilitera l’obtention des autorisations et de l’aide requises pour l’activation du PAP et son implémentation à une étape ultérieure.
Dans certains contextes, la Société nationale et le gouvernement peuvent fondamentalement coproduire le PAP. Ils peuvent ainsi définir les déclencheurs, sélectionner les actions précoces et distribuer les fonds ensemble, en étroite collaboration. Les PAP qui sont soumis au Mécanisme du DREF pour l’ABP par la Société nationale doivent cependant appartenir à la Société nationale qui recevra le financement et qui sera chargée de leur implémentation, mais aussi être conformes aux critères du FBP. Dans les pays où le FBP est intégré aux législations ou aux plans du gouvernement, la Société nationale peut également apporter son assistance dans le cadre des PAP détenus par ce dernier qui attribuent des financements gouvernementaux à différentes agences (dont la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge) pour des actions précoces dans des zones et secteurs variés.
Dans les cas où l’APAP n’est pas nécessairement une priorité, la SN doit viser un certain degré d’engagement de la part du gouvernement, qui peut augmenter au fil du temps.
L’implication du gouvernement dans l’élaboration des PAP favorise le partage des données, la coordination, la transparence et la planification à long terme. Pensez à organiser des réunions annuelles avec les départements qui participent à ce processus afin de garantir des mises à jour ponctuelles concernant les données sur la vulnérabilité et l’exposition mais aussi les politiques, les stratégies et les évolutions susceptibles d’impacter le FBP.
Les deux principales alliances pour l’action doivent être nouées avec les autorités GRC (en particulier pour les informations relatives aux risques et les alertes précoces) ainsi qu’avec les agences scientifiques et techniques comme le service hydrométéorologique et/ou les instituts de recherche. Les déclencheurs doivent être développés avec toutes ces entités (sur la base des données relatives aux facteurs de risque, des impacts des catastrophes passées et des données climatologiques), sachant que la GRC constitue un partenaire important pour la sélection des actions précoces. Nous recommandons d’inclure néanmoins le système GRC dans son entier (y compris le monde universitaire) dans le processus dès les premières explorations et études de faisabilité.
Choisir les modes de coopération les plus adaptés au contexte
Il existe plusieurs modes de collaboration avec les pouvoirs publics pour le développement d’un PAP. Cette collaboration constitue un trajet unique et contextuel qui est conditionné par le degré de volonté politique du gouvernement, la capacité institutionnelle ainsi que les programmes et projets existants. Voici quelques exemples de manières de promouvoir la coproduction (autres que les GTT déjà évoqués).
Si vous souhaitez nouer une collaboration avec le service hydrométéorologique national, vous avez le choix entre plusieurs options, qui varient en fonction du contexte. Certains gouvernements s’engagent davantage que d’autres. Veillez à développer les déclencheurs en collaboration avec les services hydrométéorologiques. Au final, le plaidoyer doit avant tout s’atteler à encourager et à soutenir la coproduction de déclencheurs de la prévision des impacts (PI) avec les SHN et d’autres acteur·rice·s pertinent·e·s. L’OMM admet que la PI ne relève pas uniquement de la responsabilité des SHN, mais qu’elle marque un tournant dans les services météorologiques qui évoluent vers un service conçu en coopération avec des agences chargées de la RRC, le département statistique, divers ministères ainsi que des acteur·rice·s du développement et de l’aide humanitaire.
Découvrez la meilleure manière d’aborder votre agence hydrométéorologique grâce à ces quelques conseils.
Exemple pratique : la Mongolie
(Utiliser le produit de PI du gouvernement pour le dzud)
L’étude de faisabilité menée en Mongolie a permis de conclure que le produit gouvernemental de prévisions des impacts (carte du dzud), conçu par le service météorologique mongol et l’université de Nagoya au Japon, convenait parfaitement pour le déclenchement d’actions précoces en cas de dzud. Grâce à l’implication des agences gouvernementales dès le début de sa mise en place, le système de FBP de la Croix-Rouge de Mongolie se révèle être l’un des exemples les plus durables en la matière. Son système de déclenchement est en effet à la base d’actions précoces menées par divers humanitaires dans le pays.
Exemple pratique : le Bangladesh
(Exploitation de programmes de préparations)
Au Bangladesh, le programme de préparation aux cyclones (CPP, pour Cyclone Preparedness Programme) est mené conjointement par le gouvernement et la Société du Croissant-Rouge du Bangladesh (BDRCS), il constitue un système fiable d’alerte précoce et fournit des structures d’évacuation pour la population côtière. Ce PAP Cyclone a été développé à partir des capacités existantes du CPP, tandis que des actions précoces pour une assistance sous forme d’argent liquide et l’évacuation du bétail ont été conçues dans le cadre de discussions avec la BDRCS, le RCCC et le ministère de la Gestion des catastrophes (DDM).